La vision de la créativité et de l’innovation de Daniel BONNEFON
À l’occasion de notre participation au salon GLOBAL INDUSTRIE PARIS, salon de l’industrie, des technologies et équipements du futur, nous avons interviewé Daniel BONNEFON, président du GROUPE BONNEFON sur sa vision de la créativité et de l’innovation.
Bonjour Daniel, à l’occasion de notre participation au salon GLOBAL INDUSTRIE PARIS, nous souhaitons connaître votre point de vue de président. En 1955, la société BONNEFON SOUDURE voit le jour sous la direction de votre père, Jacques. Pouvez-vous nous en dire plus sur les méthodes et équipements des soudeurs durant cette période ?
À la création de BONNEFON SOUDURE en 1955, la protection des hommes au travail était relative. Ce n’était pas la plus grande des priorités, car les mentalités étaient différentes. Il existait des EPI (équipements de protection individuelle) tels que des cagoules avec des verres minéraux teintés qu’il fallait démonter et changer suivant la soudure à effectuer, des vêtements de protection en cuir, des chaussures de sécurité… Mais ceux-ci n’étaient pas aussi optimisés qu’ils le sont aujourd’hui. Également pour l’aspiration des fumées de soudage, nous étions plutôt sur des solutions d’aspiration ambiante qui ne protégeaient par conséquent pas le soudeur, puisqu’elles n’aspiraient pas les fumées de soudage avant qu’elles ne se répandent dans l’atelier et surtout avant qu’elles n’atteignent les voies respiratoires de l’opérateur.
L’évolution de la législation en faveur du confort, de la protection et de la santé des opérateurs ont influencé l’évolution des équipements de soudage.
En 1993 vous cogérez l’entreprise avec votre frère et en 2005, vous procédez ensemble au rachat d’ENGMAR. Quelles perspectives aviez-vous pour l’entreprise ? Pourquoi avoir choisi une entreprise de solutions d’aspiration ?
ENGMAR est une société qui a vu le jour en 1993. À ce moment-là, l’entreprise était déjà en avance sur son temps, puisqu’elle proposait des solutions de captage à l’émission des fumées de soudage alors même que la législation en vigueur ne les reconnaissait pas encore comme cancérigènes et que toutes les solutions techniques proposées étaient sur du captage ambiant. L’entreprise était donc pionnière dans cette démarche technique et il était à l’époque très difficile de convaincre les industriels de s’équiper de ce type de solutions. C’est seulement depuis les années 2009-2010 que entreprises et les institutionnels (CARSAT, INRS) ont pris conscience de la nécessité de se tourner vers ce type de solutions.
3 raisons nous ont poussé, mon frère Gérard et moi, au rachat d’ENGMAR :
• Notre cœur d’activité était le négoce technique : nous ne produisions pas nous-mêmes. Intégrer ENGMAR au Groupe, c’était intégrer l’univers du soudage du point de vue du fabricant, pour asseoir davantage notre présence et notre expertise dans ce domaine.
• En 2005, la réglementation en matière d’aspiration des fumées de soudage n’était pas encore en place. Mais les mentalités avaient déjà commencé à changer, nous sentions que ces solutions étaient innovantes et qu’il y avait probablement de belles opportunités de développement pour l’avenir.
• La volonté de développer notre entreprise au travers de croissances externes dans notre cœur de métier, le soudage.
Quels changements avez-vous pu observer sur les méthodes et pratiques des soudeurs ? Constatez-vous certaines innovations permettant de faciliter le travail des soudeurs ?
Il y a toujours les EPI, qui sont toujours plus ergonomiques, confortables et sécuritaires. Par exemple, il existe aujourd’hui des cagoules de soudage à obturation électronique où le verre se teinte en fonction de l’intensité lumineuse émise par l’arc électrique. Plus besoin de démonter le verre de la cagoule à chaque fois, permettant un gain de temps, de confort et une garantie de la bonne protection des yeux des soudeurs.
Pour les vêtements de protection, on ne remarque pas d’énormes changements, le cuir reste la matière qui protège le mieux le corps. Cependant, ils sont plus confortables, mieux adaptés aux mouvements des soudeurs et… un peu plus élégants !
On a aussi vu des évolutions sur les machines : certaines d’entre elles sont pensées pour optimiser les ressources : consommer moins d’énergie et émettre moins de fumée et de grattons tout en améliorant la qualité du cordon de soudure. En bref, on travaille sur la qualité de l’arc électrique et sur la simplicité d’utilisation pour les soudeurs juniors.
Concernant l’aspiration des fumées, là aussi les innovations sont nombreuses, notamment au niveau du captage à la source et de l’ergonomie au poste de travail. Également lorsque l’aspiration est centralisée, la centrale calcule le besoin en énergie et n’utilise que la puissance nécessaire. Les solutions digitales permettent d’accéder à distance à la centrale pour des opérations de maintenance et de contrôle de performance.
Au sujet de l’optimisation de la productivité, des systèmes de mécanisation du soudage manuel de plus en plus performants sont apparus sur le marché, ainsi que des robots de soudage industriels et collaboratifs. L’intelligence artificielle est de plus en plus présente dans l’industrie du soudage.
Le secteur est en amélioration continue.
Aujourd’hui quels sont vos objectifs concernant l’innovation et la créativité pour le Groupe ?
Il y a deux perspectives d’innovation et de créativité à prendre en compte pour le Groupe et ses différentes marques aujourd’hui.
Côté fabricant : afin de rester leader sur notre marché en matière d’innovation, nous avons significativement investi dans notre département Recherche et Développement. Nos ingénieurs travaillent sur différents projets, répartis en deux grands sujets :
• Fiabiliser et améliorer nos produits existants historiques,
• Veilles technique et réglementaire associées à notre hyperspécialisation soudage, pour proposer sur le marché des solutions et produits anticipant les besoins industriels de nos clients.
Côté négoce technique :
• Continuer à être le vrai relais des innovations de nos fournisseurs auprès de nos clients,
• Challenger nos fournisseurs à partir des besoins clients identifiés sur le terrain,
• Être innovants en matière de services afin de d’apporter à nos clients la solution industrielle la plus adaptée.
La veille technologique et la formation des équipes sont primordiales en tant que fabricant et en tant que négociant technique afin de rester agiles et force de proposition.
Vous décririez-vous vous-même comme quelqu’un de créatif et d’innovant ?
J’y travaille… Je dirais qu’il est indispensable de se challenger soi-même sur ces domaines pour être en mesure d’imaginer son entreprise dans le monde de demain. Il faut être en mesure d’accepter et de s’adapter au changement, et idéalement de l’anticiper. Connaître son environnement et son évolution, être à l’écoute de ses clients, utiliser tous les outils de pilotage mis à notre disposition, continuer de cultiver notre technicité, avoir une vision stratégique… autant d’impératifs à s’appliquer au quotidien.